Les récents événements au cours desquels le commandant de la division “K” et le commissaire de la GRC ont modifié leurs positions publiques sur l’existence d’un “racisme systémique” au sein de la GRC sont très troublants pour ceux qui servent actuellement dans la GRC ainsi que pour ceux qui l’ont fait par le passé. Les deux cadres supérieurs, un sous-commissaire et le commissaire, ont d’abord estimé que le racisme systémique n’est pas une caractéristique de la GRC actuelle mais, reconnaissant sans doute qu’ils ne peuvent pas “mordre la main qui les nourrit”, ils ont ensuite fait des déclarations publiques qui sont en accord avec celles régulièrement faites par le premier ministre – la GRC est en proie à un racisme systémique.
Il semble y avoir une certaine confusion sur la signification réelle de “systémique”, certains journalistes utilisant même le terme comme synonyme de “systématique”. Le terme “systématique” désigne tout ce qui est fait méthodiquement, selon un plan, ou en utilisant un système. Le terme “systémique” signifie qu’il faut impliquer tout le corps ou toute l’organisation. Pour être systémique à la GRC, le racisme devrait imprégner toute l’organisation, faire partie de la politique administrative et opérationnelle et être universellement et systématiquement poursuivi par la direction de l’organisation.
J’ai servi dans la GRC de 1965 à 2001 et je connaissais très bien la politique administrative et opérationnelle de la GRC et, pendant mon service, je n’ai pas rencontré une seule phrase de la politique administrative ou opérationnelle qui puisse être interprétée comme raciste. Je serais très choqué si cela avait changé depuis ma retraite. Bien que je soupçonne que j’ai pu rencontrer quelques membres de la GRC qui nourrissaient en privé des opinions racistes, je n’ai jamais rencontré de racisme manifeste au cours de ma carrière de policier. Le racisme n’était certainement pas pratiqué ou promu par la direction de la GRC et n’était pas toléré. De 1995 à 2001, j’étais responsable du détachement de Richmond (C.-B.). Lorsque j’ai déménagé à Richmond en 1985, 4 % de la population scolaire était inscrite dans des cours d’anglais langue seconde. En 1995, les inscriptions en anglais langue seconde étaient passées à 52 % de la population étudiante. Au moment où j’ai pris ma retraite, les Caucasiens étaient en minorité à Richmond. Nous avions un détachement très diversifié ; à un moment donné, un inventaire linguistique a révélé que nos membres parlaient 33 langues et dialectes. Ces membres, d’origines ethniques diverses, travaillaient et socialisaient ensemble harmonieusement, sans aucune trace de racisme. Nous n’avons eu aucune plainte pour comportement raciste de la part de nos membres ou du grand public.
Pour établir un fondement probatoire à une allégation de racisme systémique dans la GRC, il faudrait une étude universitaire valide (la méthodologie de recherche mesure avec précision ce qui est censé être mesuré – le racisme) et fiable (la répétition de la méthodologie produit toujours les mêmes résultats) du sujet. Il ne suffit pas d’affirmer que le racisme systémique existe. Je n’ai pas connaissance qu’une telle étude ait été réalisée et je suis convaincu que, si elle l’était, elle ne révélerait pas l’existence d’un racisme systémique au sein de la GRC. Tant qu’il n’y a pas de preuve convaincante de l’existence d’un racisme systémique dans la GRC, de telles affirmations constituent à première vue une diffamation donnant lieu à une action en justice. En tant que personne qui entretient des contacts avec les membres actifs et retraités de la GRC, je suis conscient des effets négatifs que cela a sur la GRC ainsi que sur les membres actifs et retraités. Le maintien de l’ordre est suffisamment difficile sans être confronté à l’allégation incorrecte et inutile selon laquelle la GRC est une organisation systématiquement raciste. En tant que membre retraité de la GRC, je me sens diffamé par de telles allégations car elles sont supposées avoir été présentes depuis plus de 147 ans. Heureusement, la plupart des membres actifs continuent de remplir pleinement et fidèlement leurs fonctions malgré le manque de ressources adéquates dans de nombreux cas et un manque embarrassant de rémunération raisonnable dans tous les cas, tout en étant simultanément étiquetés comme racistes.
Il semble qu’une série de recours à la force apparemment excessifs de la part de quelques membres de la communauté policière canadienne soit utilisée comme “preuve” d’un racisme systémique au sein de la GRC. Ce n’est pas un raisonnement sain ou logique. Ces excès sont davantage le signe d’une détérioration de l’application des normes disciplinaires et, apparemment dans au moins un cas, d’une incompréhension totale de ce qu’est la “force raisonnable” par certains cadres. Les policiers sont soumis à trois types de réaction s’ils dépassent ce qui constitue une force raisonnable dans l’exercice de leurs fonctions : (1) ils font l’objet de poursuites pénales s’ils commettent des infractions pénales ; (2) ils doivent rendre compte à leurs employeurs de toute infraction au service qu’ils commettent ; et (3) ils font l’objet d’actions en responsabilité civile délictuelle de la part de leurs victimes. La force excessive est gérée par ces recours et non par des allégations de racisme. Bien sûr, s’il y a un racisme réel, il faut le traiter immédiatement et sévèrement.
L’incapacité du commissaire à contrer les allégations infondées de racisme systémique de la part de politiciens et de certains dirigeants autochtones est une grande déception pour les membres actifs et retraités de la GRC. Elle a créé un obstacle inutile à l’amélioration du moral des membres en service, qui font de leur mieux pour servir leurs communautés dans des conditions de travail déjà très difficiles. De plus, elle rendra le recrutement encore plus difficile, car de nombreux candidats potentiels qualifiés ne seront pas prêts à envisager de servir dans une organisation que les membres les plus haut placés, les politiciens et les dirigeants indigènes ont qualifiée de systématiquement raciste.
GRC Surintendant E.C. MacAulay (Rte), BBA, MBA, LLB